« Thierno, nous partageons désormais ce que personne ne pourra comprendre sans l’avoir vécu » me disait-il en faisant allusion aux disparitions tragiques de nos deux enfants.

Sur la Teras d’un hôtel de la place, nous avions beaucoup échangé. Un père de famille affable, courageux, aimant m’avait beaucoup appris de la vie après m’avoir beaucoup soutenu lors du décès de mon fils.

Il était présent au baptême de ma fille et ne manquait jamais de prendre de mes nouvelles.

Le décès tragique de son fils m’avait bouleversé. A la levée du corps, je peinais à le regarder. J’étais dévasté. Me rapprochant de lui, il m’avait retenu et m’avait serré fort la main.

Nous nous sommes revus après les événements de Mars, commentant son discours, parlant de la situation du pays. Il avait lu mon livre et me faisait part de ses impressions. Nous étions encore retombés dans notre univers de père de famille.

Aujourd’hui je suis dévasté par la nouvelle de sa disparition. Je suis dévasté pour toutes les confidences qu’il m’avait faites sur ses projets d’avenir après son départ de la médiature.

Je suis dévasté de voir un homme élégant , courtois, affable, éloquent, partir si vite.

Un fervent Talibé mouride est parti. Un homme de conviction d’honneur et de courage s’en est allé.

Je suis dévasté.

Aliou Badara Cisse que le TOUT PUISSANT t’accueille dans son Paradis céleste.

Thierno Bocoum