Exclu du Parti démocratique sénégalais en 2005, Idrissa Seck a créé Rewmi comme « une terre d’exil », dans l’attente d’un retour au bercail. La maladresse de l’ancien Premier ministre, perdu par ses allers et retours entre l’opposition et le pouvoir, a été de n’avoir pas réellement eu le courage de sortir définitivement de la maison paternelle, pour, sur de nouveaux fondements, laisser pousser une vision et des ambitions légitimes. Même le fait de rejoindre Macky Sall est, chez un Idy théoricien des retrouvailles de la famille libérale, une manière de combler le vide suscité par la nostalgie du paradis perdu du premier âge.
Déthié Fall, comme s’il avait appris des erreurs de son ancien mentor, a opéré un divorce à la tronçonneuse, en évitant de regarder dans le rétroviseur. Très pro-actif, l’ancien vice-président de Rewmi a vite fait de mobiliser ses partisans et d’autres ex-cadres rewmistes autour de la nécessité de créer un nouveau parti. A cœur vaillant, rien d’impossible, le Parti républicain pour le progrès (Prp), dont les activités ont été lancées le 28 mars 2021, s’impose en six mois comme un parti qui compte, sur lequel on compte et non seulement un parti qu’on compte.
Outre ses fondateurs originaires de Rewmi, cette formation politique, bien implantée à travers les 14 régions du Sénégal et la diaspora, ne cesse d’étendre ses tentacules, pour s’ouvrir à des vents progressistes, comme son nom l’indique. Alors que certaines élites politiciennes traditionnelles sont frappées de déchéance de crédibilité, le Prp attire des cadres du Cap au Caire, engagés sous son label d’intégrité et de patriotisme, sachant que la politique est une affaire trop sérieuse pour être laissée aux seuls politiciens. A travers les plateaux de télé, des produits du Parti républicain pour le progrès- qu’ils soient professeurs à l’université, polytechniciens, étudiants ou commerçants etc- innovent, en apportant une valeur ajoutée programmatique à un débat jusque-là portant, le plus clair du temps, sur des clivages personnels.
C’est cette formation politique qui a étrenné, dimanche passé, son siège à Dakar, sur la VDN – symbolique du lieu, à quelques encablures de l’ex- quartier général de Rewmi- où les premiers pas en politique de Déthié ont été guidés. La cérémonie de dimanche a accueilli de grandes personnalités dont Malick Gackou, Aïda Mbodj, Cheikh Bamba Dièye, Thierno Bocoum, le Pr. Babacar Diop, Aminata Lô Dieng…Ils ont tous salué la « constance » qui structure la démarche de Déthié Fall. Aïda Mbodj, sa collègue parlementaire, a mis l’accent sur sa haute maitrise des grands dossiers et le prix qu’il attache au sort des Sénégalais. Malick Gackou, qui a parlé au nom de la coalition « Yewwi Askan Wi », a mis le curseur sur ses qualités de « rassembleur », révélant qu’il y a la main de Déthié, derrière toutes les coalitions montées par l’opposition à Macky Sall. Ce n’est pas pour rien que l’intéressé est le président de la Commission des opérations électorales de Yewwi Askan Wi, en direction des locales de janvier 2022.
Toutes choses qui, pour autant, n’amènent pas le député à dormir sur ses lauriers. Naguère décrit comme « l’ingénieur des rêves » d’Idrissa Seck, il avait mené les troupes pour la tenue d’un mémorable séminaire programmatique en 2018 pour faire partager la vision du patron de « Idy2019 » . C’est sous ce mode que le parti de Déthié Fall prend date pour organiser un séminaire en juillet 2022. Le Prp souhaite, le moment venu, mobiliser 500 cadres.
En définitive, ce parti, en voulant aller loin, ménage bien sa monture, refusant systématiquement de verser dans les travers de la dictature de la pensée unique, qui fait le lit de l’absence de démocratie interne, source de léthargie.
Par Thierno Diop