Suite aux fortes pluies de ces derniers jours, Dakar présente encore, le triste décor d’une capitale…noyée. Face à l’urgence, le plan Orsec qui a été déclenché le 5août semble avoir atteint ses limites.
A l’image des autres actions menées par l’État du Sénégal dans le cadre de la lutte contre les inondations.

Sénégal dans le cadre de la lutte contre les inondations. La plupart des quartiers de Dakar est sous les eaux après les pluies diluviennes de ce week-end. Des précipitations qui ont occasionné beaucoup de dégâts matériels et des pertes en vies humaines. Comme c’est le cas depuis plusieurs années, les autorités ont mis en œuvre le plan national d’organisation des Secours (Orsec) pour venir à bout de ces inondations, devenues aussi récurrentes qu’angoissantes pour les populations. Ainsi, un mois après le déclenchement du plan Orsec le 05 août dernier, le ministre de l’intérieur Antoine Félix Diome et son collègue en charge de l’assainissement et de l’eau, Serigne Mbaye Thiam, ont fait le bilan des opérations effectuées aussi bien par les sapeurs pompiers que par l’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas).D’après les informations du ministre de l’intérieur, les sapeurs pompiers sont intervenus sur 194 sites dont les 73 sont déjà libérés et 121 en cours de traitement. Pour ce qui est de l’Onas, Antoine Felix Diome a fait savoir qu’un volume total de 447 mille m³ d’eau a été drainé par les75 stations de pompage d’eaux pluviales. D’un autre coté, 4 572 sites ont pu être désinfectés et désinsectisés par le service national d’hygiène, qui a, par la même occasion, effectué 642 visites à domicile et distribué 675 kits d’hygiène aux familles et personnes sinistrées. Hier, dans un communiqué, les services du ministère ont aussi fait un dernier bilan. Selon le document rendu public, 208 sites inondés ont été recensés dont 79 traités et libérés et 129 en cours de traitement et le volume d’eau évacué dans la journée du 03 septembre est estimé à 225.325m³.
Néanmoins, les résultats tardent à se faire sentir sur le terrain si l’on se fie à la situation qui prévaut dans Dakar et sa banlieue. Les ménages touchés par les inondations n’ont pas réellement senti l’impact de ce plan sur leur quotidien depuis le début de l’hivernage. Et c’est le cas pour tout ce qui a été fait par l’État du Sénégal jusque-là dans le cadre
de la gestion des inondations. Si on fait un bref rappel, le19septembre 2012, lors d’un Conseil présidentiel, l’Etat du Sénégal avait établi un plan décennal de lutte contre les inondationspouruneduréede10ans avec un budget estimé à plus de 766 milliards de francs Cfa. La gestion des fonds alloués à ce Plan fait toujours polémique et l’opposition continue d’interpeller l’État sur l’utilisation de ce budget. D’ailleurs, l’ancien ministre de l’eau et de l’assainissement avait répondu à la énième interpellation de Mamadou Lamine Diallo et Ousmane Sonko le 06 août dernier, rappelant au premier nommé qu’il est « en parfaite connaissance » des conclusions du rapport établi par la mission d’information
de l’Assemblée nationale sur le plan décennal de lutte contre les inondations (Pdlci) vu qu’il était le vice-président de la commission parlementaire.
Toujours dans les efforts consentis pour juguler les inondations, lors du conseil des ministres du 11 août dernier, Macky Sall avait rappelé, au gouvernement, la nécessité d’accentuer les actions de prévention des inondations par le respect scrupuleux des dispositions des codes respectifs de l’urbanisme, de la construction, de l’assainissement et de l’environnement, en cohérence avec le Plan national d’aménagement et de développement des territoires (Pnadt). Il avait aussi demandé à ses ministres de formuler, avant décembre 2022, un nouveau programme d’investissements massifs en matière d’assainissement(eaux pluviales),intégrant des projets et zones prioritaires, selon la cartographie nationale des inondations, disponible, et les évaluations techniques et financières, réalisées. Outre l’insuccès des politiques publiques de l’État pour régler définitivement le problème des inondations, d’autres facteurs sont à l’origine du mal être des habitants pendant la saison des pluies. Il s’agit, notamment, du dérèglement climatique qui est en train de causer beaucoup de dégâts dans plusieurs pays, même ceux développés ; mais également de l’occupation des zones non aedificandi. L’exemple de la « Zone de captage » qui avait pour but de recevoir les eaux de pluie est patent. Elle a été transformée en zone d’habitation. En conséquence, les habitants sont sous les eaux depuis plusieurs semaines. Le chef de l’État qui a délivré un message pour réaffirmer sa solidarité avant de présenter ses condoléances aux Sénégalais et aux familles des
3 victimes des inondations parle des dérèglements climatiques avant
de pointer du doigt l’occupation des zones inondables. « Les pluies diluviennes sont dues aux dérèglements climatiques dans le monde. Ce qui fait que les pluies sont beaucoup plus intenses et les dégâts très importants. La Météo l’avait annoncé, en fin août début septembre, l’on doit s’attendre à ce genre de précipitations », a fait savoir Macky Sall qui réagissait depuis la Mecque. Ce dernier rappelle que « beaucoup d’efforts sont en train d’être faits en matière d’assainissement mais nous faisons face à la population qui occupe les zones non habitables.
Construire des lotissements dans des cuvettes par exemple pour vendre des terrains complique encore plus la situation », a-t-il soutenu. Le chef de l’État n’a pas manqué de rappeler avoir instruit le ministre de l’intérieur et le ministre de l’eau « à faire la situation d’une façon journalière en donnant des alertes en collaboration avec la Météo, ainsi que
des recommandations pour que les bonnes pratiques soient adoptées ».