« Suite à l’annonce du décès du Président Habré, le porte-parole du gouvernement tchadien a parlé de la possibilité pour la famille du Président Habré de rapatrier son corps en précisant qu’aucun hommage ne lui sera rendu. De plus, le Consul du Tchad à Dakar s’est autorisé à faire des démarches auprès des autorités sénégalaises pour rapatrier le corps. A t-il des droits sur la dépouille du Président Habré ? Mme Habré tient à préciser ce qui suit : « Le Président Hissein Habré est l’un des fils les plus dignes et les plus illustres du Tchad. Il a très tôt été un homme engagé contre la dictature et contre le retard organisé et l’appauvrissement d’une certaine catégorie de Tchadiens.
Grâce à cet engagement, tant de choses ont pu être changées et bien d’injustices réduites. Il a sacrifié sa personne pour mener le combat pour recouvrer l’intégrité territoriale de son pays occupé par la Libye. Il a été le seul chef d’Etat à n’avoir jamais utilisé une armée étrangère pour bombarder les fils du Tchad. Il a pu relever le défi de dégager une armée d’occupation, en se tenant debout pour sauver l’honneur de sa patrie souillée par l’occupant et ses alliés Tchadiens.
Le Tchad a été le seul pays en Afrique à avoir subi une telle occupation. Il a fait preuve d’un extraordinaire courage politique, et – il en est sorti victorieux. Quel est l’homme politique tchadien qui peut prétendre s’approcher de ce parcours ? Le Tchad n’appartient pas au gouvernement tchadien. 31 années après son départ, le Tchad est toujours à la recherche de paix, de sécurité, de réconciliation et de développement. Etre aux commandes du pouvoir signifie t-il qu’il faille s’autoriser à décider qui va être enterré où et à quelles conditions ?
Illustre homme d’Etat, il a tant fait pour son pays et le peuple tchadien. Nous n’avons rien demandé au gouvernement tchadien, et, un jour viendra où le Président Habré sera entièrement réhabilité, et, tout ce qu’il a fait pour son pays, sera reconnu. Ce jour là, il reposera en terre tchadienne, avec dignité, respect, considération et, avec tous les honneurs dûs à son rang et à ce qu’il a été toute sa vie. Telle a été toujours sa volonté et celle de sa famille. Aujourd’hui, en respect à sa mémoire et les idéaux qu’il a défendus toute sa vie ; il reposera par conséquent en terre sénégalaise, une terre d’islam. »
Par Me François SERRES