« Au Sénégal, la question est derrière nous…»

Pour Aminata Touré, il est clair que le débat sur la limitation des mandats présidentiels ne peut pas se poser au Sénégal car la Constitution est formelle là-dessus. Elle intervenait lors d’une conférence virtuelle du National democratic institute (Ndi).

« Une étude d’Afrobarometer révèle qu’environ 75% des citoyens africains sont pour la limitation des mandats présidentiels. Voilà l’information-clé qui constitue la toile de fond de nos discussions. Si la démocratie est la prédominance du plus grand nombre, cela suffirait à clore le débat. Mais la question est justement de comprendre pourquoi les citoyens africains préfèrent donner des durées limitées aux hommes et femmes qu’ils se choisissent comme dirigeants. Il faut dire qu’aujourd’hui, sur les 55 États membres de l’Union Africaine, 35 pays disposent de la clause de limitation de mandats », a affirmé l’ancienne présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese).

Selon elle, «les pays, à travers leur peuple, se choisissent leur Constitution donc la question de la limitation des mandats s’analyse à l’aune des choix constitutionnels des pays. Aussi, j’axerais ma réflexion sur le cas du Sénégal, mon pays, suite aux choix constitutionnels effectués lors du référendum du 20 mars 2016. A cette occasion, le Sénégal a modifié sa constitution limitant les mandats présidentiels à 2 consécutifs, et précisant en son article premier que : «la durée du mandat du président de la république est de cinq ans. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ». Le Président Macky Sall réélu le 24 février 2019 a affirmé à de nombreuses reprises qu’il effectuerait son second et dernier mandat notamment le 31 décembre 2018. Donc, au Sénégal, la question est derrière nous comme je l’ai déjà dit à diverses occasions ».
Pour « Mimi », « ce qui est attendu partout sur le continent et partout ailleurs, c’est le respect des Constitutions. C’est le gage de la stabilité des pays, c’est ce qui est attendu par la population africaine dont 70%, faut-il le rappeler est âgée de moins de 35 ans. Cette jeunesse africaine a les mêmes aspirations démocratiques que le reste de la jeunesse du monde. Il y’a de nombreux succes-story et il faut les encourager. En Afrique de l’Ouest, les exemples récents du Niger, de la Mauritanie, du Libéria, de la Sierra Leone, du Cap Vert parmi d’autres cas sont à saluer. Depuis 1990, Il faut noter que 21 leaders ont sagement quitté le pouvoir dans 14 pays africains grâce à la disposition de la limitation de mandat. Ce qui prouve qu’il peut y avoir une vie paisible après la Présidence. La limitation des mandats est un moyen important de faciliter l’alternance au pouvoir sur le continent. Son respect est aussi, de nos jours, un moyen de quitter le pouvoir avec les honneurs ».