Ingénieur-Animateur Territorial, Diplômé de l’institut des Ingénieurs de Bordeaux 3, Bouna Koita a vécu vingt six ans dans l’hexagone où il a fait ses études supérieures et intégré le monde du travail. En 1983, il rencontra Macky Sall à l’Université de Dakar. Ce dernier deviendra un ami qui réveillera en lui “la fibre patriotique”. De son amitié avec celui qui est maintenant le Président de la République du Sénégal, l’ancien maire de Dialambéré (Kolda), Bouna Koita, par ailleurs membre de Benno Bokk Yakaar (Bby) s’est prononcé sur les facteurs qui lui ont valu sa non réélection à la mairie de Dialambéré. Il s’est aussi exprimé sur la montée en puissance de l’opposition. Les résultats des dernières législatives et la question d’une troisième candidature de Macky Sall ont été évoquées à travers cette interview.
1 Pouvez-vous vous présenter en mettant l’accent sur votre parcours scolaire et professionnel ?
Père de trois bouts de bois de Dieu, le 5 juillet dernier, j’ai soufflé sur mes 60 bougies. Je rends grâce à Allah, à mes parents. Je prie pour une longue vie pleine de bonheur et de santé à notre maman Yaye Diaty Diallo KOITA et je prie pour le repos éternel de mes parents disparus. J’ai effectué mes études secondaires jusqu’en terminale au Lycée Van Vollen Hoven (actuel Lycée Lamine Gueye) et j’y ai obtenu mon Bac D.
A l’université de Dakar, en 1983, j’ai rencontré Macky SALL, Youssou Diallo, l’actuel Président du Club Sénégal Emergent, et retrouvé mon vieil ami Maitre Papa Laity Ndiaye ancien bâtonnier de l’ordre des avocats du Sénégal et j’y ai tenté le Certificat Préparatoire aux Etudes Vétérinaires (CPEV) qui ne m’a pas réussi et papa m’a envoyé en France le 20 octobre 1985.
« En France depuis 1985, Après des études supérieures, j’ai trouvé mon salut dans l’administration publique française avec un bref passage à l’Agence Pour l’Emploi des Cadres (APEC)«
2 Qu’est-ce qui vous a réellement motivé à tout abandonner en France pour rentrer au Sénégal et s’y installer ?
Sénégalais de la diaspora, et titulaire de plusieurs diplômes dont le MASTER II professionnel comme Ingénieur-Animateur Territorial en politiques publiques obtenu en 2008, de 1992 à 2011, j’ai travaillé comme cadre dans l’administration publique française (communes de Ferrière La grande, Poitiers et de Pau) dans le cadre des politiques publiques pour l’enfance, la jeunesse et des familles dans les domaines de la formation, l’éducation à la citoyenneté, l’insertion et la prévention de la délinquance.
Dans le domaine de la coopération décentralisée, j’ai développé un partenariat avec Désirs d’avenirs pour la planète (ONG fondation française) qui a permis la construction de la maternité solaire dans la commune de Dialambéré. En 2019, cette maternité solaire a été inaugurée par Ségolène Royale, Présidente de cette Fondation lors de sa venue à Dialambéré.
J’ai retrouvé mon ami Macky Sall qui a réveillé en moi la fibre patriotique, j’ai adhéré à la Convergence des Cadres Républicains, puis milité à Dialambéré en 2011 et à la faveur d’élections, je suis devenu Maire de Dialambéré en 2014 jusqu’en 2022. (Dialambéré, chef-lieu de la commune du même nom, crée par son arrière grand père Habibou KOITA)
3 Que pouvez-vous nous apprendre de votre amitié avec le président Macky Sall ?
Macky Sall est mon ami et c’est un secret de polichinelle. Nous avons des relations très amicales. Il faut reconnaitre que le Président de la République gère en priorité les intérêts du Sénégal qui ne sont pas des intérêts particuliers. De ce point de vue, les amis ont parfois le sentiment d’abandon alors que tel n’est pas le cas. L’agenda du PR, ses priorités dépassent les intérêts particuliers il faut l’admettre. En revanche, c’est le rôle de l’entourage du PR qui doit parfois faire en sorte que le PR réserve un peu de temps d’échanges et d’écoute pour le cercle d’amis. J’ai l’habitude de dire que les amis restent amis quelque que soient les vicissitudes du temps et de la météo politique.
4 Présente-t-il un bilan satisfaisant depuis qu’il est à la tête du pays ?
Si le Président a eu un second mandat, c’est la preuve qu’il a un bilan positif. Les réalisations du PR sont visibles, il n y à point d’aveugle que celui qui ne veut pas voir : juste quelques rappels du bilan- L’augmentation significative des budgets communaux- Le désenclavement avec les autoroutes, routes, ponts autoponts pistes et digues partout au Sénégal- L’amélioration de la carte sanitaire avec la modernisation des structures de santé et la dotation en ambulances- La modernisation des cités religieuses et construction ou la réhabilitation des lieux de culte- La réforme du code de la presse- Le programme de bourses et sécurité sociales et les appuis aux couches vulnérables- La résorption des abris provisoires dans le domaine de l’Education Nationale, la création d’écoles et de collèges- L’électrification et l’hydraulique rurales- La revalorisation substantielle des salaires des fonctionnaires et des retraités- Le TER et les chantiers du BRT à Dakar, des aéroports régionaux, des universités régionales- La construction d’infrastructures sportives de qualité à Diamniadio et dans les régions- La réouverture de la desserte maritime et aérienne Dakar- Ziguinchor- Les programmes PPDC, PUDC, PUMA, PACASEN, PROMOVILLES- La modernisation de l’Agriculture, la Pèche et l’Elevage- Le projet du rail Dakar Bamako- Les infrastructures portuaires (le port de ndayane)
7 Désormais, vous êtes l’ex maire de Dialambéré, comment avez-vous analysé votre défaite lors des dernières élections locales ?
A la faveur d’élections je suis devenu maire en 2014, et aux dernières élections locales, j’ai perdu. Après des années de dur labeur, d’énormes sacrifices de dons de soi, le bilan de mes réalisations n’aura pas suffi et je vais vous livrer ma part de vérité sur ce qui s’est passé :
Il y a eu une conjonction de facteurs: D’une part, la guerre des clans, les combinaisons, les positionnements des responsables de Kolda au-delà de 2022. D’autre part, depuis 2012, Il a été très difficile pour moi d’exister et de résister avec la faiblesse de mes moyens aux coups bas qui pleuvaient de partout de Dakar à Kolda.
Donc, l’ultime coup d’état local qui m’a été fatal, est celui qui a été ourdi depuis Dakar ont initié, encouragé et soutenu financièrement des listes parallèles contre celle de BBY à Dialambéré aussi. Le résultat est connu malgré un bilan irréfutable.
Mais affaiblissement ne signifie pas renoncement. Aussitôt après les locales, nous avons créé une structure dénommée Elan des maires sortants pour continuer notre action politique derrière le Président de la République. Actuellement nous sommes 160 maires sortants, un groupe incontournable dans ce pays, Le 5 juillet dernier lors de notre rencontre avec le Président, nous lui avons renouvelé notre engagement et notre fidélité sans faille pour faire campagne et gagner aux législatives.
La montée en puissance de l’opposition doit nous inquiéter et nous servir d’alerte »
8 La coalition Benno Bokk Yakaar est sortie très affaiblie de ces élections, pourquoi ?
D’abord avec un fort taux d’abstention, le BBY a gagné 82 députés. C’est loin de nos prévisions, mais il faut en tirer les enseignements: le fort taux d’abstention, l’usure du pouvoir, les cicatrices des locales, le mauvais casting des législatives dans certains départements, nos querelles et dissensions, le manque de leadership au niveau local mais aussi le détournement de consciences avec des slogans et des théories hors sujet déployés par nos adversaires entre autres.
Malgré tout, une victoire grâce ? :– A la pugnacité de notre tête de liste Aminata TOURE qui s’est beaucoup investie en faisant le tour du Sénégal en appelant à l’unité et au rassemblement pour une large victoire
– A ELAN, une ingéniosité inédite et historique au Sénégal, une association de 160 maires sortants. Ces vaillants responsables contre vents et marées ont pris de la hauteur et ont su battre campagne pour gagner. Cette victoire est aussi la leur. Et heureusement dans certains communes et départements Elan était là dans le monde rural. La montée en puissance de l’opposition doit nous inquiéter et nous servir d’alerte
9 La montée en puissance de l’opposition notamment avec Yewwi et Wallu ne constitue-t-elle pas une menace pour vous ?
Quand une opposition progresse, le pouvoir régresse-t-il ? Nous pouvons disserter là-dessus. Comme je l’ai dit dans mes précédentes sorties, le BBY n’a qu’à s’en prendre qu’à lui-même et faire son auto évaluation. Ce que je peux vous dire, c’est que le PR
Macky SALL ne mérite pas ça. SE Macky Sall œuvre pour la bonne marche du pays dans la paix et la stabilité. Sans paix et sans stabilité, ce sera le chaos que je ne souhaite pas à mon Pays. Au moment des grands ensembles et des recompositions, il faut garder pied sur terre et penser à demain. Il faut le faire avec Macky SALL qui, malgré toutes les difficultés est à pieds d’œuvre pour faire du Sénégal un pays émergent. Sans paix, pas d’émergence alors cultivons la paix, et donnons à notre jeunesse l’envie de cultiver la paix et la coopération et non le sentiment de rejet…
« Mon seul mentor c’est Macky Sall qui nous a demandé de garder patience«
10 Les prochaine élections présidentielles sont prévues en 2024, êtes-vous déjà en préparation comme l’est en ce moment l’opposition dont Ousmane Sonko effectuera une tournée au mois de septembre ?
Nous sommes à 18 mois de cette échéance cruciale pour le Sénégal. Ce sera une élection de destin. Le BBY sera-t-il la coalition la plus durable (10 ans) et la plus bête du monde politique contemporain pour exploser son socle fondateur de 2012? Ou faut-il une refondation pour un «autre BBY»?
That Is the question. En attendant, en ma qualité de responsable de l’APR et du BBY, avec mon humble avis je soumets des solutions concrètes à SE Macky SALL pour lui permettre de reconquérir l’électorat qui nous a envoyé un signal fort lors des élections législatives du 31 juillet dernier.
11 Si le président Macky Sall décide de se présenter pour un troisième mandat, serez-vous pour ou contre ? Si oui qu’est-ce qui vous motive, au cas échéant, quelle solution alternative proposez-vous ?
Mon seul mentor c’est Macky Sall qui nous a demandé de garder patience, il nous édifiera le moment opportun, je respecte son vœu. Je signale tout de même que rien ne peut nous empêcher de tracer le portait robot de celui qui est le meilleur profil capable de gagner dans le camp présidentiel. Wait and see.
12 En 8 points, que préconisez-vous ?
13 Quel message adressez-vous à vos camarades de parti ?
J’aime mon pays, je suis un véritable patriote. Je ne suis pas un nationaliste, car c’est la haine des autres. Je ne suis pas rentré de France, pour voir bruler notre beau pays. Nul n’a le monopole du cœur dans notre cher Sénégal et nul n’est au-dessus des lois.
Je rêve d’une Assemblée Nationale dirigée par Dr Aminata TOURE qui a le mérite et ce serait une grande première chez nous. Après MameMadior BOYE, première PM, nous aurons Aminata Touré au Perchoir. Je lui souhaite bonne chance.
L’élection présidentielle de 2024 INCHALLAH, Ce sera la rencontre entre un Homme et son Peuple. Préparons-nous pour être présent à ce rendez-vous crucial pour notre pays. Cela suppose l’unité, le rassemblement qui passe par la massification pour notre Président. ELAN des maires sortants, a pris un nouvel élan et fait cap sur 2024
Je renouvelle tous mes encouragements aux militants et sympathisants de Macky Sall et surtoutles appeler au Rassemblement, à l’unité, à la solidarité derrière lui pour un Sénégal de Paix et de Stabilité.
Avec Xalima.com